Silabosoona Média a rencontré ce mercredi 18 juin 2025 à Kankan, Dr Mamoudou Kotèban CAMARA, médecin et pharmacien pratiquant la médecine ancestrale selon l\’écriture N’ko. Lors de cette rencontre à Kankan, il a abordé sans détour les critiques souvent adressées à la médecine africaine, notamment l\’absence supposée de dosage, de vérification en laboratoire et de traitement rigoureux.
Selon Dr Kotèban, ces jugements relèvent d’un manque de connaissance, voire d’un mépris hérité des schémas de pensée occidentaux. « Les plantes africaines sont à la base de toutes les médecines du monde », affirme-t-il avec conviction. Pour lui, il est inexact de dire que les médicaments traditionnels n’ont pas de dose : « Ce sont les humains qui établissent les dosages, et nos ancêtres l\’ont toujours fait selon des normes précises ». Il cite comme exemple les anciens mandingues qui, dans leur foyer, distinguaient les quantités de médicaments à administrer selon l’âge à l’aide de trois types de coupes : petite pour les enfants, moyenne pour les jeunes, grande pour les adultes.
Quant à l’argument de l’absence de laboratoire, Dr Kotèban explique que la médecine africaine possède ses propres moyens d’analyse : « Chez nous, c’est le goût et l’odeur du médicament qui indiquent s’il est bien préparé, s’il est actif ou toxique ». Il mentionne les saveurs spécifiques comme le sonsounma, le talakouda ou encore le karatata, qui servent de repères pour ajuster les préparations médicinales.
Pour ce praticien engagé, la dévalorisation de ces savoirs relève d’un déséquilibre culturel entretenu par une vision unique de la science. Il invite à revisiter ces traditions avec rigueur et respect, plutôt que de les rejeter sans les connaître. « Avant de critiquer, demande à ceux qui savent », conclut-il.
La suite de cet entretien passionnant, avec des exemples pratiques, des vidéos et une immersion dans les savoirs ancestraux, sera publiée prochainement sur silabosoona.info.
Lonkassia CAMARA